LE CRAYON GROUPE, OU COMMENT QUATRE ÉTUDIANTS ONT FAIT DU DÉBAT UNE ARME D’INFLUENCE MASSIVE

L’histoire commence dans un appartement parisien, au printemps 2020. La France sort tout juste du premier confinement. Les cafés sont encore fermés, les amphis aussi. Quatre étudiants — Wallerand Moullé-Berteaux, sa sœur Sixtine, Antonin Marin et Jules Stimpfling — passent leurs soirées à refaire le monde. Un soir, une idée prend forme : et si ces discussions, souvent vives mais toujours respectueuses, pouvaient intéresser d’autres que leur cercle d’amis ? Et si elles devenaient un média ?

Ce sera Le Crayon. Un nom simple, presque scolaire, mais qui cache une ambition bien plus grande : redonner le goût du débat à une génération qui délaisse les médias traditionnels.

PREMIÈRES LIGNES

Au départ, tout est artisanal. Une caméra, un micro, et une table improvisée en plateau. Le format ? Deux invités aux opinions divergentes, un sujet brûlant — féminisme, écologie, liberté d’expression — et un échange franc, rythmé, cadré par un modérateur.

Le premier débat explose : plus de 15 millions de vues cumulées en quelques jours. L’équipe comprend qu’elle tient quelque chose. Très vite, YouTube devient la vitrine, TikTok et Instagram le moteur de diffusion. Les extraits courts, calibrés pour les réseaux, se propagent à une vitesse folle. Les vues s’enchaînent, les abonnés aussi.

CHANGER L’ANGLE DU MÉDIA

Là où les rédactions classiques diffusent un discours descendant, Le Crayon adopte un modèle ascendant : partir de la conversation, laisser les voix s’entrechoquer, et donner au public l’impression d’être à table.

En quatre ans, le média n’est plus un projet étudiant. C’est un groupe structuré, avec trois branches :

  • Le Crayon Média pour les contenus

  • Le Surligneur pour la communication de dirigeants

  • Le Pinceau pour l’influence et l’intelligence économique

Une organisation qui permet de monétiser sur plusieurs fronts : sponsoring de débats, accompagnement de personnalités, partenariats institutionnels.

UNE BELLE CROISSANCE

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 4 millions d’abonnés tous réseaux confondus, 30 à 40 millions de vues par mois, et 3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Tout en restant autofinancés pendant leurs premières années, les fondateurs lèvent 1 million d’euros en 2023 pour accélérer leur développement et acquérir Les Pépites de France.

Leur modèle est agile : production interne pour réduire les coûts, contenus pensés pour maximiser la viralité, et sponsors choisis pour coller à leur image.

GAGNER DU CAPITAL INFLUENCE

En juin 2024, Emmanuel Macron accepte leur invitation, quelques jours avant les élections européennes. Ce n’est pas un hasard : Le Crayon est devenu un passage obligé pour qui veut parler aux 18-35 ans.

Ce capital influence ne vient pas seulement des millions de vues. Il vient d’une communauté engagée qui commente, partage et débat, prolongeant chaque échange bien au-delà de la vidéo initiale.

AU-DELÀ DES VUES

Le succès du Crayon n’est pas qu’une affaire de chiffres. Il révèle un changement profond dans la consommation d’information. Les jeunes ne veulent plus être spectateurs, ils veulent participer, réagir, challenger. Le Crayon leur en donne l’occasion.

En février 2025, le partenariat avec Backbone Consulting confirme la stratégie : s’installer durablement comme un acteur d’influence politique et culturelle, capable de dialoguer avec les décideurs tout en restant proche de son audience.

REGARD BRAND ZONE

Le Crayon est plus qu’un média : c’est un hub de conversation qui bouscule les codes. Il prouve qu’avec une idée claire, une exécution digitale impeccable et un engagement réel, quatre étudiants peuvent bâtir un groupe rivalisant avec des acteurs installés depuis des décennies.

Tendance de fond : l’ère des médias de participation, où l’influence ne se mesure plus seulement à l’audience, mais à la capacité à créer du lien et à provoquer la discussion.

Un article écrit par Benoît Dessaux

Brand Zone explore l’influence des créateurs et des marques

Précédent
Précédent

DAVID GUETTA, LE DJ QUI RÈGNE SUR L’ÉTÉ DEPUIS PLUS DE VINGT ANS. POURQUOI ?

Suivant
Suivant

DENIS BROGNIART : LA NOUVELLE DÉFINITION DU TALENT DE CONFIANCE POUR LES MARQUES