POURQUOI LE GP EXPLORER DE SQUEEZIE EST DEVENU LE PLUS GRAND SHOW D’INFLUENCE EN FRANCE
La troisième édition du GP Explorer - The Last Race, qui démarre les 3, 4 et 5 octobre 2025, n’est pas seulement un événement de plus dans l’univers des influenceurs. C’est un pari audacieux : conclure un triptyque qui, en quelques années, a redéfini les frontières entre création de contenu, événementiel et médias mainstream. Imaginé par Squeezie, le GP Explorer mêle sport automobile (Formule 4), musique, communautés digitales et activations de marques. Pour cette ultime édition, la billetterie s’est vendue en deux heures : 200 000 billets écoulés selon certaines sources.
Cette dernière boucle soulève des enjeux : comment faire converger influence, audience et modèle économique crédible ? Et surtout, qu’est-ce qu’un créateur devient quand il capte une audience aussi massive qu’un média traditionnel ?
LE CRÉATEUR QUI DÉFIE LES MÉDIAS TRADITIONNELS
Squeezie ne se contente pas de produire un show. Il construit un média alternatif. En 2022, la première édition du GP Explorer avait atteint plus d’1 million de spectateurs simultanés sur Twitch, avec 12,5 millions de vues cumulées. En 2023, ce record est largement dépassé : plus de 1,3 million de viewers simultanés, 4,35 millions d’utilisateurs uniques, 330 000 contenus générés, et 1,16 milliard d’impressions toutes plateformes confondues. Ce sont des chiffres qu’un talk-show ou une émission TV classique aspirerait à obtenir.
Cette année, le tournant est encore plus net : pour la première fois, France Télévisions co-diffuse l’événement — les qualifications et la course finale passeront sur France 2, France 4 et la plateforme France.tv. C’est une reconnaissance institutionnelle du projet : le show d’un YouTuber devient contenu légitime pour la télévision publique.
La stratégie narrative y participe : Squeezie n’est pas simple “organisateur”, il est aussi pilote, animateur et garant du spectacle. Le storytelling de la “dernière édition” (“The Last Race”) ajoute une dramaturgie finale, une pression, une valeur symbolique — c’est le moment de tout donner, de marquer l’histoire.
LE BUSINESS DERRIÈRE LA SPOILE : UN MODÈLE AMBITIEUX
Organiser une course automobile, avec 24 pilotes créateurs, trois jours d’animation, diffusion TV, production technique et activations de marques, ce n’est pas du bricolage. Selon certaines estimations, le budget de l’édition 2025 se situerait entre 3 et 5 millions d’euros. Les sponsors sont au rendez-vous : on cite Samsung, Boursobank, AirUp, Alpine parmi les partenaires confirmés.
La monétisation de l’événement repose sur plusieurs piliers imbriqués :
Billetterie physique : 200 000 billets vendus très rapidement. Le prix varie selon les journées (ex. 24 € le vendredi, jusqu’à 85 € en tribunes).
Activations sponsorisées : au-delà du simple logo, les marques s’intègrent dans les “écuries”, les animations sur place, les stands, les dispositifs immersifs (cameras embarquées, radios pilotes, contenus backstage).
Droits médias / diffusion TV : le partenariat avec France Télévisions introduit une dimension “droits de diffusion” que le créateur n’avait pas auparavant.
Monétisation digitale : les contenus sur YouTube, les rediffusions, les extraits, les placements de produits, les merch & licences dérivées (ex. l’album associé au GP)
Économie de l’expérience : sur site, les spectateurs utilisent un système cashless (bracelet rechargé numérique) pour les achats.
La synergie entre ces leviers rend la rentabilité plausible, à condition d’atteindre des seuils de visibilité et d’engagement très élevés.
UN DISPOSITIF MÉDIA & COMMUNAUTAIRE SANS PRÉCÉDENT
Avant même l’événement, la machine marketing se met en marche. En un mois, 36 000 contenus ont été publiés autour du GP, générant plus de 120 millions d’impressions tous réseaux confondus. Sur YouTube uniquement, les vlog d’entraînement et contenus longs ont dépassé 20 millions de vues, et avec les Shorts, on compte plus de 47 millions de vues. Sur TikTok, la dynamique est très forte : les contenus autour du GP ont généré plus de 23 millions de vues depuis début septembre.
Les mécaniques sont multiples :
UGC / co-création : les pilotes eux-mêmes produisent des vidéos coulisses, vlogs, défis, contenus préparatoires.
Virality contrôlée : les comptes “officiels” relaieront les meilleurs contenus, incitant la communauté à s’approprier l’événement.
Effet FOMO / teasing progressif : révélations de pilotes, annonces de concerts, jusqu’à l’ouverture de la billetterie relancée.
Immersion technologique : utilité de caméras embarquées, micro-radios, streaming en plusieurs langues, interfaces “on board” sur la plateforme TV.
Le pari : faire de l’audience “hors événement” un continuum vers le show principal. Et avec une telle masse de contenus, la visibilité “earned media” dépasse largement les investissements publicitaires directs.
CE QUE LE GP EXPLORER RÉVÈLE SUR LA CREATOR ECONOMY
Le GP Explorer n’est pas un épiphénomène. Il incarne une mutation : les créateurs ne sont plus des producteurs de contenus “secondaires”, ils deviennent des producteurs de contenus événementiels massifs, capables de rivaliser avec des médias ou des chaînes historiques.
Trois tendances se dégagent :
La porosité créateur–média : quand un YouTuber s’associe à France Télévisions, c’est la fin de la frontière.
L’économie de l’attention extrême : il faut capter non pas quelques minutes, mais des audiences sur plusieurs jours, avec des dispositifs multimédias.
L’industrialisation de l’influence : pour durer, il faut structurer, scaler, professionnaliser GP Explorer ne serait pas possible sans un minimum de rigueur événementielle, partenariats institutionnels et production technique sérieuse.
Le “dernier tour” est peut-être le point culminant d’un format. Mais il est aussi un modèle reproductible pour d’autres créateurs ambitieux : imagine des GP Explorer “édition musique”, “édition gaming”, “édition sport”… Le prototype est là.
À retenir pour Brand Zone : le GP Explorer est l’un des signaux les plus forts du moment. Il illustre la capacité des créateurs à devenir des médias puissants, à mobiliser des audiences de masse, à bâtir des modèles économiques autour de l’événement. Pour les marques, c’est une preuve qu’investir dans des projets “influenceurs” ne suffit plus, il faut s’inscrire dans des formats à enjeu, structurés, hybrides, avec un potentiel de diffusion grand public.
Un article écrit par Benoît Dessaux, le 03 octobre 2025