SUPER GRAND PRIX : POURQUOI LES FILMS D’ANIMATION FONT APPEL À DES VOIX CÉLÈBRES
Europa-Park n’est plus seulement un parc d’attractions : le géant allemand se rêve désormais en producteur de contenus capables de rivaliser avec les franchises internationales. Avec Super Grand Prix, son premier long-métrage d’animation distribué en France par KMBO, le parc fait entrer son univers dans une nouvelle dimension. Pour donner vie à ses personnages, il a choisi deux voix familières au public français : Faustine Bollaert et Nikos Aliagas.
Un duo surprenant, car si Nikos a souvent prêté son charisme à des événements d’envergure, c’est surtout Faustine Bollaert qui s’impose comme la caution familiale idéale. Derrière ce choix, une véritable stratégie de distribution : s’appuyer sur des célébrités rassurantes, mais sans transformer le doublage en campagne starifiée.
LE DOUBLAGE DISCRET, UN OUTIL DE CONFIANCE PLUTÔT QU’UN ARGUMENT DE VENTE
Dans l’univers de l’animation, les castings de doublage ont souvent été utilisés comme leviers marketing. Des films entiers ont déjà été vendus sur le nom d’une star plutôt que sur leur histoire. Mais la tendance change. Avec Super Grand Prix, Europa-Park et KMBO font un choix plus subtil : engager des personnalités connues, mais sans en faire l’axe principal de communication.
Faustine Bollaert et Nikos Aliagas apportent leurs voix, leur capital sympathie et leur notoriété, mais sans que leur présence soit martelée comme un slogan. C’est ce qu’on appelle le « dédoublage » : utiliser la célébrité comme caution discrète plutôt que comme affiche. L’objectif est clair : séduire les spectateurs par l’univers, non par le casting.
Pour le public, c’est une valeur ajoutée émotionnelle. Pour le distributeur, c’est un gage de crédibilité sans coût promotionnel démesuré. Pour les talents eux-mêmes, c’est une manière d’explorer un nouveau territoire d’expression sans s’exposer à une surmédiatisation.
KMBO, EUROPA-PARK ET LA STRATÉGIE D’UNIVERS
Avec Super Grand Prix, Europa-Park ne se contente pas d’adapter une attraction ou de produire un film isolé. Le projet s’inscrit dans une logique de construction d’univers transmedia. L’idée est claire : renforcer la marque du parc par le biais d’histoires originales qui peuvent vivre sur plusieurs supports – cinéma, plateformes de streaming, expériences in-park.
Le partenariat avec KMBO, distributeur français spécialisé dans le cinéma indépendant et familial, permet d’assurer une diffusion nationale tout en gardant un positionnement différenciant face aux mastodontes américains. Là où Disney ou DreamWorks misent sur des campagnes globales centrées sur leurs stars, Europa-Park parie sur un équilibre : créer une œuvre identifiable par elle-même, tout en profitant de la notoriété de voix crédibles comme celles de Faustine et Nikos.
Cette approche illustre une tendance de fond en Europe : plutôt que de courir derrière Hollywood, les producteurs européens cherchent à bâtir leurs propres récits, portés par des stratégies d’influence maîtrisées.
POURQUOI FAUSTINE BOLLAERT APPARAÎT COMME LA VOIX IDÉALE
Si Nikos Aliagas apporte une dimension prestige et un accent de notoriété supplémentaire, c’est surtout Faustine Bollaert qui incarne la réussite stratégique de ce casting. Animatrice star de France 2 avec Ça commence aujourd’hui, elle s’est imposée comme l’une des personnalités les plus appréciées du paysage audiovisuel français.
Son image est associée à la bienveillance, la proximité et l’authenticité. Elle touche un public large, familial, intergénérationnel. Sa voix, douce mais assurée, correspond parfaitement à un film d’animation destiné aux enfants comme aux parents. Contrairement à d’autres célébrités plus clivantes, Faustine Bollaert bénéficie d’un capital de confiance qui rassure et fédère.
Pour KMBO, c’est un choix qui fait sens : son nom peut être activé dans la communication ciblée, dans la presse ou sur les réseaux sociaux, sans craindre de brouiller le message principal du film. Elle incarne ce que l’on pourrait appeler une influence apaisée, en parfaite adéquation avec les valeurs d’un film familial.
NIKOS, UNE TOUCHE DE PRESTIGE DANS LE DISPOSITIF
De son côté, Nikos Aliagas apporte une dimension différente. Figure incontournable de TF1 et animateur emblématique de The Voice ou de la Star Academy, il incarne le spectacle et l’événementiel. Sa voix, reconnaissable entre toutes, est synonyme de charisme et de professionnalisme.
Pour un film comme Super Grand Prix, l’associer au casting vocal permet de donner une coloration plus large, de renforcer la crédibilité et de capter l’attention des médias généralistes. Mais là encore, KMBO a choisi de ne pas en faire un argument tapageur. Nikos n’est pas la vitrine du projet, il est une pièce complémentaire du puzzle.
Ce duo Faustine et Nikos illustre donc deux logiques différentes mais complémentaires : la proximité familiale d’un côté, la notoriété événementielle de l’autre. Ensemble, ils offrent au film une assise solide sans le faire basculer dans une surstarification.
CE QUE SUPER GRAND PRIX RÉVÈLE DU MARCHÉ DE L’ANIMATION
L’exemple de Super Grand Prix met en lumière un changement majeur dans le marketing du cinéma d’animation. Les studios européens ne veulent plus dépendre d’un casting star surmédiatisé. Ils préfèrent construire des univers durables et utiliser les célébrités comme leviers discrets d’influence.
Trois enseignements s’imposent :
Le doublage devient un outil de branding souple : on choisit des personnalités connues mais non clivantes, qui renforcent la crédibilité sans saturer le récit.
La gestion de l’attention est désormais calibrée : les distributeurs dosent la visibilité pour que le film garde la priorité sur le casting.
L’Europe veut imposer ses propriétés intellectuelles originales, et pour cela, elle a besoin de stratégies d’influence adaptées, capables de séduire le public local avant de rivaliser avec l’international.
REGARD BRAND ZONE
Avec Super Grand Prix, Europa-Park et KMBO posent les bases d’une stratégie nouvelle dans l’animation européenne. En choisissant Faustine Bollaert et Nikos Aliagas, ils démontrent qu’une célébrité peut être un levier puissant, à condition de l’utiliser avec nuance.
Le cas de Faustine est particulièrement éclairant : son image familiale, sa crédibilité et son capital sympathie en font l’incarnation parfaite de ce que l’on peut appeler le casting calibré. Pas de starification excessive, mais une influence bien placée, qui sert l’œuvre sans la dominer.
Ce modèle pourrait s’imposer dans les prochaines années : dans un marché saturé de blockbusters mondiaux, l’avenir des productions européennes repose sur leur capacité à créer des univers solides, portés par des personnalités reconnues mais utilisées comme piliers invisibles plutôt que comme vitrines.
En d’autres termes : moins de tapage, plus de cohérence. Super Grand Prix marque peut-être le début d’une nouvelle ère pour l’animation européenne.
Un article écrit par Benoît Dessaux, le 29 septembre 2025