COMMENT ZOMBIE SCROLL TRANSFORME L’ADDICTION AU SCROLL EN CAMPAGNE DE SANTÉ MENTALE

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, SOS Addictions et l’agence Conceptory lancent Zombie Scroll, une campagne de sensibilisation qui vise l’addiction au scroll, en particulier chez les 18-25 ans. Le concept : investir les lieux de scroll automatique, toilettes, couloirs, salles d’attente, transports, avec des visuels portant un QR code menant à un test d’autoévaluation, le Zombie Score, élaboré avec le professeur Laurent Karila. Ce dispositif cherche à transformer l’acte passif de scroller en moment de réflexion active.

C’est un terrain de campagne hybride : à mi-chemin entre activation 360 et dispositif d’impact. Pour le décrypter, nous allons l’analyser sous trois volets : stratégie et mécanique, récit et positionnement, contraintes et enseignements pour le marketing d’influence.

STRATÉGIE, MÉCANIQUE ET DÉPLOIEMENT OPÉRATIONNEL

Capter dans le flux, interrompre l’autopilote

L’un des paris de Zombie Scroll est d’atteindre les individus au moment même où ils sont en mode “zombie”, scroller par automatisme. Plutôt que de cracher un message moral, la campagne place le message dans l’environnement du geste lui-même. Le QR code est la porte d’entrée vers un outil d’introspection : un “double scroll” qui invite l’utilisateur à ralentir.

Dispositif 360 dans les zones de transit mental

Le choix des espaces, toilettes, couloirs universitaires, salles d’attente, transports, est stratégique. Ce sont des micro-moments de latence, des parenthèses potentielles où le scroll s’impose par habitude. Le dispositif d’affichage (posters, stickers) dans ces lieux rend le message contextuel. Le QR code est l’interface vers le monde digital : pas de séparation stricte entre off et online. Enfin, le relais numérique, réseaux sociaux des institutions, partenaires étudiants, médias — cherche à amplifier le mouvement.

Partenariat expert + discours non culpabilisant

SOS Addictions et Conceptory ne s’expriment pas à travers un prêche, mais via un outil : le Zombie Score. En collaborant avec le professeur Laurent Karila, psychiatre addictologue, ils légitiment le discours. Le ton est calibré : on ne vient pas “dire que c’est mal”, on propose une mesure, des repères, des conseils actionnables.

Risques et facteurs critiques de succès

Sans données publiées sur le reach ou l’engagement, la campagne souffre d’un manque de transparence quant à ses résultats. Le test via QR doit être fluide, sécurisé, sans friction, pour éviter l’abandon. L’enjeu est de transformer une exposition passive en engagement actif. Enfin, la cohérence du ton — ni culpabilisation, ni simplisme — sera scrutée : toute impression de “morale” pourrait aliéner le public cible.

RÉCIT, POSITIONNEMENT ET CHOIX SYMBOLIQUES

La métaphore zombie pour raconter l’aliénation

La figure du zombie suggère l’absorption, l’absence de conscience, la dissociation. Le scrolling infini, lorsqu’il est passif, rappelle cette perte de soi. Le Zombie Score incarne le miroir ludique : “êtes-vous déjà en mode zombie ?” C’est une métaphore forte, immédiatement compréhensible.

Un positionnement éducatif et responsable

SOS Addictions étend son champ au numérique. Ce n’est plus seulement l’addiction aux substances, mais l’addiction comportementale — un basculement pertinent à l’ère des réseaux sociaux omniprésents. La campagne affirme : l’usage numérique peut dépasser une simple préférence pour devenir un risque invisible.

Territoire narratif dans le contexte de santé mentale

2025 est déjà marqué par l’attention portée à la santé mentale, la cause devient nationale. Le moment choisi pour publier Zombie Scroll est donc opportun. La campagne entre dans le débat public sur la “fatigue numérique”, le digital detox, l’hyperconnexion. En France, selon le Baromètre de la santé mentale en ligne 2024, 46 % des jeunes estiment que les réseaux sociaux nuisent à leur santé mentale, tandis que 88 % disent ne pas pouvoir s’en passer.

UNE LECTURE DU MARCHÉ ET DES LEÇONS POUR L’INFLUENCE

Le scroll, nouvelle frontière de l’attention consciente

Quand le scroll infini (inventé en 2006 par Aza Raskin) est désormais critiqué pour ses effets addictifs, les campagnes doivent penser un usage réfléchi du scroll. Le Zombie Scroll requalifie le geste en moment d’alerte. Des créateurs et des marques pourraient décliner cette idée : mesurer l’usage, encourager la pause.

Déclinaisons possibles : marques médias, apps, tech

Une application pourrait intégrer un “score scroll” ou un rappel de pause. Un média pourrait insérer des pauses visuelles dans ses flux. Une marque tech pourrait proposer des fonctions anti-scroll ou des modes “pause”. Ce dispositif de conscientisation est une clé de transition vers une économie de l’attention responsable.

Influence responsable comme valeur centrale

Les influenceurs pourraient relayer la campagne en se prêtant au test Zombie Score en leur nom, en témoignant de leur usage. L’initiative incarne un type d’influence non seulement par diffusion, mais par mise en conscience. C’est la frontière entre “influence pour vendre” et “influence pour éveiller”.

Ce que cela révèle des tendances

  • L’influence ne doit pas faire que capter de l’attention, mais provoquer de l’arrêt

  • Le “low tech + hyperlocal” revient : affichage discret dans des lieux du quotidien

  • Le lien avec l’expertise est indispensable dans les sujets de santé mentale

  • Le ROI se mesurera dans la transformation comportementale autant que dans le volume

À retenir : Zombie Scroll est un dispositif hybride qui place le message dans le flux même du geste numérique, joue la carte de la métaphore et de la mesure, et trace un modèle pour une influence plus consciente. Il ne s’agit plus seulement de gagner l’attention, mais d’introduire une pause. Un article écrit par Benoît Dessaux, 07 octobre 2025

Un article écrit par Benoît Dessaux, le 07 octobre 2025

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