COMMENT BUMP EST DEVENUE LA MACHINE DE GUERRE DERRIÈRE LE GP EXPLORER

Le GP Explorer 3 a signé un week end irréel. Deux cent mille personnes au Mans, un pic à 1,4 million de viewers sur Twitch, 1,2 million devant France 2, quarante sept marques partenaires visibles partout sur la piste et dans les flux, une logistique de cinq mille personnes, une billetterie qui dépasse treize millions d’euros pour un budget annoncé au delà de dix millions. En amont, trente six mille contenus publiés en un mois, plus de quarante sept millions de vues rien que sur YouTube, cent vingt millions d’impressions toutes plateformes confondues. Pendant le direct, sept cent mille messages dans le chat de Squeezie, cent vingt cinq mille sept cents personnes uniques qui font grimper la cadence à vingt deux mille messages par heure avec un pic à dix neuf heures le dimanche. Ce sont des ordres de grandeur dignes d’une finale sportive. Mais l’essentiel est ailleurs. Qui tient les manettes de cette précision horlogère. Qui transforme une idée de créateur en show total. Réponse. Bump. L’agence fondée par Squeezie. 

De Webedia à Bump. Reprendre la main et bâtir une maison de créateurs

L’histoire commence par une séparation. Après des années sous l’ombrelle Webedia, Lucas Hauchard veut piloter ses formats, ses rythmes, ses deals et ses événements à sa façon. À l’été 2020, il prend son indépendance et lance Bump, pensée par un créateur pour les créateurs. L’idée n’est pas de vendre des placements. L’idée est de structurer des carrières, de produire des œuvres, de négocier en position d’auteur. Bump se met en place dans un bureau parisien, petit au départ, grand par l’ambition. Quelques talents suivent, le bouche à oreille fait le reste, et l’agence, lancée en mai 2020, devient en quelques années l’une des places fortes de la creator economy française. 

Le GP Explorer comme vitrine. Une organisation au millimètre

Le GP Explorer révèle la méthode Bump. La scénarisation commence des mois avant la course avec des annonces, des reveal, des entraînements captés et découpés pour nourrir YouTube et TikTok. Elle se poursuit sur site avec une chaîne logistique qui assemble réalisation broadcast, direction artistique, sécurité et parcours spectateurs. Elle s’achève en diffusion simultanée, Twitch et télévision publique, avec une écriture de l’événement qui emprunte à la F1 l’intensité du live et à Internet l’art de la narration communautaire. Résultat. Un record francophone sur Twitch à 1,4 million, une course retransmise sur France 2 suivie par 1,2 million de téléspectateurs en moyenne et un total de 6,7 millions de personnes touchées sur l’écosystème France Télévisions. La mécanique paraît simple à l’écran parce qu’elle est préparée dans les moindres détails. C’est précisément là que Bump excelle. 

Un collectif de talents. De McFly et Carlito à Maghla en passant par Gotaga

Bump n’est pas une enseigne, c’est un roster. On y trouve McFly et Carlito, Gotaga, Maghla, Dr Nozman, Doigby, Kevin Tran, Billy, Skyrroz, Juste Zoé, Rose THR, et bien sûr Squeezie. Ce collectif permet d’alterner divertissement, gaming, science, lifestyle et musique. Chaque créateur reste propriétaire de son univers, mais bénéficie d’un accompagnement stratégique et d’une production capable de porter une idée jusqu’au prime time de la culture numérique. La preuve par l’exemple. Quand McFly et Carlito lancent le Pétanque Explorer en 2024, pastiche tendre et populaire, le concept cartonne à Nice et en live YouTube. La logique est identique. Un format clair, un casting aimé, une exécution sérieuse. Dans cette maison, un talent n’est pas une affiche. Un talent est un auteur. 

Diversifier sans se disperser. La stratégie Bump à 360 degrés

Au delà des shows, l’agence a ouvert un pôle lifestyle en 2023 avec l’arrivée de Josh Roa pour accompagner des profils mode, beauté et culture. Cette extension élargit l’offre sans diluer l’ADN. Bump se positionne en partenaire long terme des marques. On ne plaque pas un logo sur une vidéo. On intègre une histoire dans un univers créatif où l’on peut passer d’un format premium sur YouTube à un événement physique en passant par des activations sociales et des produits dérivés. C’est ce continuum qui attire des acteurs comme Prime Video, Red Bull, Disney, Samsung ou Lacoste et qui explique l’intérêt des partenaires au GP Explorer, qu’ils soient title sponsor d’une écurie ou présents dans l’expérience spectateur. Les signaux faibles de marché convergent. Les marques les plus citées dans le chat Twitch sont celles dont l’intégration est la plus lisible dans le récit de la course. Alpine, Lego, Durex. L’exposition suit la narration, pas l’inverse. 

Ce que révèle l’édition 2025. L’influence devient une industrie culturelle

Les chiffres de 2025 objectivent une bascule. L’écosystème du GP Explorer ne repose pas seulement sur du reach. Il repose sur une ingénierie de production, sur des talents positionnés comme des médias, sur une écriture événementielle qui voyage des réseaux à la télévision. La montée en puissance avant l’événement avec trente six mille contenus publiés, plus de vingt millions de vues en long format et quarante sept millions avec les Shorts sur YouTube prépare le terrain et installe les intrigues. Les jours J, la précision d’exécution scelle la confiance. Après, la longue traîne médiatique et sociale prolonge la valeur. Ce cycle complet est le nouveau standard de l’influence quand elle se prend au sérieux. Il n’est pas anodin qu’une agence née du web tienne ce standard. Il n’est pas anodin non plus que la télévision s’y associe. Le succès du GP Explorer 3 confirme la mue. Bump n’est plus l’agence de Squeezie. Bump est une fabrique de culture populaire. 

Regard Brand Zone

Que retenir. D’abord que la réussite du GP Explorer tient à la maîtrise d’un groupe indépendant qui a su industrialiser la liberté créative. Ensuite que la valeur naît de la cohérence. Un format lisible, une écriture communautaire, une production au millimètre et des marques qui acceptent de jouer le jeu du récit. Enfin que la prochaine frontière n’est pas de faire plus gros. Elle est de faire aussi bien ailleurs, avec d’autres univers, d’autres publics et d’autres créateurs. La grille de lecture est simple. Les agences qui survivront seront celles qui produisent, qui éditorialisent, qui investissent dans des talents auteurs. Bump incarne déjà cette tendance. Le reste suivra.

Un article écrit par Benoît Dessaux, le 7 octobre 2025

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