COMMENT ALEXIA LAROCHE-JOUBERT EST DEVENU LA FEMME LA PLUS PUISSANTE DE LA TÉLÉ FRANÇAISE

Depuis sa nomination à la tête de Banijay France, Alexia Laroche-Joubert s’impose comme l’une des dirigeantes les plus influentes de l’audiovisuel européen. Patronne d’un groupe aux formats mondiaux, productrice historique de programmes cultes et figure du leadership au féminin, elle incarne un modèle rare dans un secteur longtemps dominé par les hommes. Entre vision stratégique, engagement pour la création française et défense d’une culture de la responsabilité, son parcours illustre ce que peut devenir le pouvoir lorsqu’il est pensé avec exigence et conviction.

DU LANCEMENT D’ALJ À LA DIRECTION D’UN EMPIRE DE CONTENUS

Le parcours d’Alexia Laroche-Joubert est emblématique de la transformation du paysage télévisuel français. Formée en droit, elle débute dans les médias à la fin des années 1980, avant d’intégrer TF1 puis Endemol France, où elle devient directrice de la Star Academy. Elle y façonne l’un des programmes les plus emblématiques des années 2000, tout en y forgeant une réputation de stratège exigeante, capable de conjuguer créativité, management et résultats.

En 2008, elle crée sa propre société de production, ALJ Productions, qu’elle développe comme un incubateur de formats grand public. Elle y teste de nouvelles écritures, expérimente des mécaniques narratives et consolide sa marque de fabrique : mêler émotion, authenticité et efficacité télévisuelle. Son sens de l’innovation attire l’attention du groupe Banijay, qui finit par intégrer ALJ à son écosystème. En 2016, elle prend la direction d’Adventure Line Productions, productrice de Koh-Lanta, Fort Boyard ou encore Miss France. En 2023, elle est nommée CEO de Banijay France, supervisant aujourd’hui plus de 2 500 heures de programmes non-scriptés et près de 50 heures de fictions produites chaque année.

Sous son impulsion, Banijay France a renforcé sa place de leader sur le marché national, tout en accélérant son rayonnement international. Fort Boyard est aujourd’hui diffusé dans 38 pays, Marie-Antoinette s’est exportée dans 147 territoires, et le groupe revendique fièrement sa « French touch », signe d’une création locale à vocation mondiale.

UNE STRATÉGIE CLAIRE, FÉDÉRER, INNOVER, FAIRE RAYONNER

La réussite de Laroche-Joubert repose sur une conviction forte : l’avenir de la production repose sur la maîtrise de la propriété intellectuelle et la puissance des marques. Elle a fait de Banijay France non seulement un producteur de programmes, mais un véritable label culturel.

Sa stratégie s’articule autour de trois axes.

D’abord, la création de formats originaux. Elle défend une télévision française capable de rivaliser avec les standards internationaux tout en valorisant le savoir-faire local. Son ambition : créer des concepts capables de s’exporter, plutôt que de se limiter à adapter ceux des autres.

Ensuite, le renforcement du storytelling de groupe. Sous sa direction, Banijay France revendique une identité de marque forte, fondée sur la qualité, la diversité et l’audace. Chaque label garde sa spécificité, mais s’inscrit dans une vision d’ensemble cohérente, centrée sur la créativité et la responsabilité.

Enfin, la mise en place de synergies internes. Elle encourage la collaboration entre les 15 labels français du groupe, favorisant l’innovation croisée et la mutualisation des expertises. Sa gouvernance est pensée comme un écosystème plutôt qu’une hiérarchie verticale, dans lequel la transmission et la collégialité jouent un rôle clé.

UNE FEMME D’ENGAGEMENTS, ENTRE RESPONSABILITÉ ET CULTURE

Si Alexia Laroche-Joubert revendique son goût pour le pouvoir, elle l’exerce avec une conscience aiguë des enjeux contemporains. Engagée pour la parité, elle milite pour une représentation plus juste des femmes dans les métiers de l’audiovisuel, notamment dans les postes de direction. Elle soutient activement les initiatives qui favorisent la diversité et la transmission, en particulier auprès des jeunes générations de producteurs et d’auteurs.

Membre des 100 Femmes de Culture, elle défend une vision exigeante du rôle de la création dans la société. Selon elle, la télévision reste un miroir puissant, capable d’éduquer, de rassembler et de transformer les mentalités. Elle plaide pour une télévision plus responsable, ancrée dans son époque, ouverte aux débats de société, aux enjeux climatiques et aux nouvelles écritures digitales.

Par ailleurs, elle s’implique dans la réflexion sur l’impact de l’intelligence artificielle et la souveraineté culturelle européenne. Face à la domination des plateformes américaines, elle alerte sur la nécessité de préserver une production indépendante, capable de porter une vision française du divertissement et de la narration. Sa ligne est claire : “Créer du contenu, c’est aussi créer du sens.”

CE QUE SON PARCOURS DIT DU MARCHÉ AUDIOVISUEL D’AUJOURD’HUI

La trajectoire d’Alexia Laroche-Joubert illustre les mutations profondes de l’audiovisuel. Elle symbolise une nouvelle génération de dirigeants, capables d’articuler la puissance industrielle et la vision culturelle, tout en revendiquant une incarnation forte. Là où l’ancien modèle reposait sur la hiérarchie et le formatage, elle propose un modèle fondé sur la transversalité, la liberté créative et la cohérence stratégique.

Elle est aussi un signal fort pour le marché : le leadership féminin n’est plus une exception, mais une force motrice de transformation. Son succès valide l’idée qu’une dirigeante peut à la fois incarner une marque, diriger une industrie et influencer une époque. En un mot, qu’elle peut être stratège, créatrice et visionnaire à parts égales.

REGARD BRAND ZONE

Alexia Laroche-Joubert incarne cette génération de dirigeants qui ne se contentent plus de produire des contenus, mais construisent des marques. À travers Banijay France, elle démontre que la télévision, loin d’être dépassée, reste un levier d’influence et de rayonnement culturel. Sa stratégie repose sur trois mots-clés : audace, responsabilité et transmission.

Pour les créateurs et les marques, son parcours rappelle une leçon essentielle : l’avenir appartient à ceux qui savent conjuguer vision et incarnation. Dans un monde saturé de contenus, la force d’une marque réside dans son identité, dans ceux qui la dirigent, et dans leur capacité à en faire une histoire collective.

Un article écrit par Benoît Dessaux, le 8 octobre 2025