COMMENT CHARLINE VERMONT A FAIT DE L’ÉDUCATION SEXUELLE UN CONTENU VIRAL

Dans l’écosystème des créateurs, rares sont celles et ceux qui déplacent à la fois les lignes culturelles et les métriques d’audience. Charline Vermont fait partie de cette short-list. Avec son compte Instagram « Orgasme et moi » (806 000 abonnés sur Instagram au moment d’écrire ces lignes), elle a popularisé une éducation à la sexualité accessible, décomplexée et fondée sur le consentement, au point de devenir une référence auprès des familles, des écoles et… des marques en quête de sens. Elle est aussi autrice d’une collection chez Albin Michel, et intervient dans l’enseignement supérieur (DU de Santé Sexuelle à Sorbonne Université). En 2025, elle apparaît comme marraine du Téléthon sur ses canaux, signe d’une reconnaissance grand public. 

UN POSITIONNEMENT CLAIR, DIFFÉRENCIANT ET CRÉDIBLE

La force de Charline Vermont tient d’abord à un positionnement net : éducation à la sexualité et au consentement, pensée pour le quotidien des familles et des jeunes, loin des injonctions. Ce cadre éditorial, répété en bio et incarné par un ton direct, installe un territoire d’autorité — sans posture professorale. Cette crédibilité est renforcée par un ancrage institutionnel : sexothérapeute et formatrice en santé sexuelle, autrice, et intervenante au DU de Santé Sexuelle à Sorbonne Université, où elle figure au programme officiel 2025 parmi l’équipe enseignante. Pour une marque, c’est un signal fort de fiabilité et de conformité. 

Côté storytelling, la créatrice assume une vulnérabilité positive (parler vrai, sans tabou, vocabulaire précis mais accessible) et une mission claire : donner des outils concrets aux parents comme aux ados. Sa stratégie éditoriale transforme un sujet réputé « sensible » en contenu pop et partageable. Résultat : une audience large, multigénérationnelle, qui vient chercher des réponses pratiques, pas des slogans. 

UNE MÉCANIQUE COMMUNAUTAIRE QUI DÉPASSE LES RÉSEAUX

Au-delà des posts, la communauté est devenue un marqueur culturel. Exemple : le hashtag #MMM — lancé dès 2019 — s’est imposé sur les apps de rencontre comme un code de reconnaissance fondé sur la bienveillance, l’inclusivité et le consentement. Initialement « Meufs/Mecs Merveilleux·ses », il a évolué vers « Mixed Marvelous Minds » pour inclure toutes les identités. Ce n’est pas un gadget de com’ : c’est une mécanique de valeurs qui vit hors plateforme, puissante pour l’advocacy et la notoriété organique. 

Côté format, Instagram reste le hub : Reels pédagogiques courts (qui dépassent régulièrement le demi-million de vues), carrousels « pas-à-pas », capsules orientées parents. Cette grammaire d’edutainment maximise la mémorisation et l’envie de partage. Le choix de Reels — format favorisé par l’algorithme — alimente la portée sans media-buying massif. 

Il faut aussi composer avec l’environnement : la modération des plateformes se durcit dès qu’un contenu touche à la sexualité, même dans un cadre éducatif. Comprendre ces contraintes de brand safety et de diffusion fait partie du métier pour qui veut activer ce territoire. Les cas documentés de contenus éducatifs limités ou retirés sur Instagram rappellent que le cadre lexical, l’iconographie et la pédagogie du consentement sont des paramètres créatifs autant que juridiques. 

DU COMPTE À L’IP ÉDITORIALE : LIVRES, ÉCOLE, PARTENARIATS

La valeur de Charline Vermont ne se résume pas à un handle : elle a converti son expertise en IP éditoriale. Sa série d’ouvrages chez Albin Michel (2021, 2022, 2023) structure un catalogue qui s’adresse aux parents et aux enfants, avec une promesse claire : répondre sans tabou aux « 100/120 questions » que les familles se posent. La progression éditoriale (guide, édition augmentée, titre de fond plus large) installe une franchise qui dépasse le social. 

Elle enseigne et intervient dans des contextes variés — du DU de Santé Sexuelle à Sorbonne Université aux établissements scolaires — ce qui crédibilise les éventuels dispositifs marque x éducation (collectivités, mutuelles, FMCG « family », streaming, tech). L’angle « familles » et « écoles » est vendeur pour les directions RSE, RH et communication corporate. 

Enfin, son univers entre en résonance pop : à l’occasion de la sortie de Sex Education saison 3, elle a collaboré avec Netflix sur des actions d’activation (élément mentionné dans des interviews et contenus médias). En 2025, elle annonce être marraine du Téléthon sur Instagram, un signe de légitimité grand public et de compatibilité avec des institutions exigeantes en matière d’image. 

DISPOSITIF MÉDIA/DIGITAL/INFLUENCE : CE QUI MARCHE VRAIMENT

  • Pilier social : Instagram en hub (806 k abonnés), avec des Reels didactiques et des carrousels référents. Le mix format court + visuels clairs + call-to-action éducatif génère un taux de partage élevé et une mémorisation forte des messages clés (consentement, vocabulaire juste, « à dire/à éviter »). Plusieurs Reels affichent >500 000 vues, un seuil de viralité récurrent sur ce vertical. 

  • Pilier éditorial : livres, conférences, interventions académiques (effet halo de crédibilité, opportunités B2B/B2I). 

  • Pilier communauté : #MMM comme mouvement de valeurs (reconnaissance immédiate, prolongement IRL, signaux sur les apps de rencontre). Pour une marque, c’est un terrain d’affinité déclarative mesurable. 

  • Pilier partenariats : activation avec des acteurs culture/éducation/santé (Netflix, Téléthon), capables de démultiplier la légitimité sociétale tout en offrant des assets de diffusion (owned + earned). 

Résultats observables (publics) : taille de communauté (806 k), récurrence de Reels >500 k, ventes récurrentes et rééditions d’ouvrages (présence retail soutenue). Les indicateurs non publics typiques sur ces dispositifs (taux de complétion, CTR vers ressources, leads newsletter/événements) peuvent être instrumentés par les partenaires via liens trackés et pages ressources. 

LECTURE MARCHÉ : DES « CREATOR-ÉDUCATEURS » AUX ALLIANCES DE VALEURS

Trois signaux faibles devenus forts :

  1. L’édutainment gagne la bataille de l’attention : quand c’est utile, clair et incarné, le partage suit.

  2. Les mouvements de valeurs (comme #MMM) ancrent un comportement plus qu’une tendance : ils migrent des réseaux à la vraie vie.

  3. La brand safety par la preuve : adosser un message sensible à des créateurs certifiés par l’institution (enseignement, ouvrages, ONG) réduit le risque réputationnel et augmente l’acceptabilité interne (juridique, compliance).

Pour les marques, les opportunités sont concrètes : co-construction de guides éducatifs téléchargeables, web-émissions à destination des parents, ateliers en entreprise (QVT, parentalité, prévention), sponsoring d’outils pédagogiques (affiches, mini-sites), série Reels co-brandés « mots justes » avec redirection vers des ressources neutres. Clés de réussite : gouvernance éditoriale claire, vocabulaire sécurisé, iconographie non sexualisée, KPI d’impact (partages, enregistrements, trafic qualifié).

LE REGARD BRAND ZONE

Charline Vermont a transformé un sujet sensible en territoire mainstream sans le vider de sa substance. Sa proposition — des contenus utiles, actionnables, et une communauté qui se reconnaît dans des valeurs — coche les critères d’une collaboration à impact : crédibilité, portée et affinité. Pour les annonceurs, l’enjeu n’est pas de « surfer » sur un thème, mais de rendre service aux publics (parents, jeunes, collaborateurs) avec des dispositifs utiles et mesurables, en respectant le cadre d’expression des plateformes. La tendance de fond est nette : les creators-éducateurs deviennent des partenaires stratégiques pour les marques qui veulent conjuguer sens, preuves et efficacité.

Un article écrit par Benoît Dessaux – 13 septembre 2025.

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