LÉNA SITUATIONS AUTOÉDITE SON NOUVEAU LIVRE : LE COUP STRATÉGIQUE QUI DÉPASSE L’ÉDITION
Léna Situations revient avec Encore Mieux, un ouvrage annoncé pour le 28 octobre 2025 et déjà en précommande. Particularité majeure, la créatrice ne passe pas par un éditeur traditionnel. Elle lance son propre label, Lena Editions, vend en direct et orchestre une mécanique de mobilisation communautaire qui choisit la couverture finale. Un lancement pensé comme une campagne de marque, où le produit n’est pas seulement un livre, mais la preuve tangible d’un positionnement.
Sur le plan factuel, plusieurs éléments sont désormais confirmés. La date de sortie est annoncée au 28 octobre 2025. Le livre est visible en précommande sur Cultura à 19,95 euros, avec un EAN dédié, et également listé à la Fnac. Parallèlement, le site officiel Lena Editions centralise l’opération, précise la fenêtre de sortie et documente la mécanique de vote par couvertures. La presse professionnelle a de son côté acté le choix d’une publication sans maison d’édition, une rupture forte après le succès du premier livre, Toujours plus, publié chez Robert Laffont en 2020.
Rappel de la situation
Toujours plus avait installé Léna Mahfouf dans le paysage éditorial, avec un démarrage record au cœur de l’automne 2020 et une dynamique de ventes exceptionnelle. Des données GfK et la presse spécialisée avaient souligné plus de 20 000 exemplaires écoulés la première semaine, puis un passage au dessus des 60 000 exemplaires cumulés à la troisième semaine. Plusieurs sources font état d’un total supérieur à 400 000 exemplaires depuis sa sortie. Ce précédent explique l’attente autour du second titre, mais aussi l’ambition d’en reprendre le contrôle de bout en bout.
Avec Encore Mieux, la créatrice renonce aux codes de l’édition classique pour piloter elle-même la chaîne de valeur. Elle structure son propre point de vente, annonce un déploiement en librairies à la date de sortie et transforme la précommande en moment de marketing participatif. En clair, elle applique au livre les méthodes éprouvées des marques direct to fan.
Stratégie déployée. Un lancement direct to fan pensé comme une campagne de marque
Premier pilier, la désintermédiation. En créant Lena Editions et une boutique officielle sur Shopify, Léna capte les données de ses lecteurs, maîtrise prix, marges et expérience d’achat, et peut programmer des relances CRM au lieu de déléguer ces leviers à un tiers. La mention explicite d’une sortie en librairie à la même date rassure l’écosystème, mais le cœur de l’activation se joue en amont, dans le tunnel de précommande propriétaire.
Deuxième pilier, la gamification des couvertures. La communauté choisit la jaquette qui deviendra l’édition nationale. Ce dispositif augmente mécaniquement l’intention de précommande, crée un sentiment d’appartenance et transforme un acte d’achat en acte de co-création. L’arbitrage visuel devient un KPI d’engagement, et chaque vote est une prévente. C’est une mécanique puissante déjà relayée sur Instagram via des contenus courts dédiés à l’ouverture des précommandes.
Troisième pilier, l’omnicanal maîtrisé. Le livre est disponible chez les grands distributeurs culturels, ce qui élargit la portée au-delà du noyau dur de fans. Le prix public conseillé s’affiche à 19,95 euros. L’EAN unique permet un suivi précis des référencements et des stocks. Cette présence en retail ne contredit pas l’autoédition. Elle l’augmente, en assurant la visibilité en rayons tout en conservant la puissance du direct.
Positionnement et storytelling. Passer de plus à mieux
Le cœur narratif du projet est énoncé sans ambiguïté. Encore Mieux veut aider les lecteurs à passer de plus à mieux. L’axe est celui d’une amélioration qualitative de sa vie, de son organisation, de ses limites, de la confiance personnelle. Le ton est expérientiel, fondé sur le retour d’expérience et non sur une posture de donneuse de leçons. Ce positionnement parle autant au public historique de Léna qu’à une audience plus large attirée par les méthodes concrètes. C’est un storytelling d’utilité qui convertit l’attachement à la personne en valeur d’usage.
Sur l’image de marque, Léna confirme un territoire d’entrepreneuse culturelle. Le label maison, la mécanique participative, la tournée de rencontres annoncée comme un rattrapage post confinement, tout cela compose une identité d’autrice productrice qui met la communauté au centre du processus. Pour une créatrice née sur YouTube et Instagram, l’écriture devient un produit culturel comme un autre, aligné avec un écosystème de contenus et d’expériences.
Dispositif digital et influence. De la précommande au live retail
La campagne s’appuie sur des formats courts sur Instagram et une page e-commerce claire qui remplit trois objectifs, information, conversion, fidélisation. Les précommandes servent de baromètre de demande et de socle CRM. Les listings Fnac et Cultura jouent le rôle de preuve sociale grand public. Le choix des couvertures agit comme un moteur d’UGC, chaque story ou post de fans validant une option devenant un micro contenu de propagation. Enfin, une tournée de dédicaces est teasée pour renforcer l’effet physique et communautaire. Côté calendrier, la fenêtre de fin octobre profite du trafic naturel des librairies à l’approche des fêtes et des rentrées étudiantes.
Sur l’efficacité attendue, les précédents chiffres de Toujours plus fixent une référence haute. Être numéro un des ventes dès la première semaine en 2020, sur une catégorie saturée, valide le potentiel commercial de la marque personnelle Léna Situations. Transposé à 2025, ce référentiel justifie une stratégie d’intégration verticale, où l’on accepte plus de responsabilités logistiques en échange d’une marge accrue et d’une base clients propriétaire.
Pourquoi l’autoédition. Un arbitrage économique, symbolique et culturel
Économiquement, l’autoédition augmente la part captée par l’autrice sur chaque exemplaire, en contrepartie d’un risque plus fort, fabrication, logistique, service client, communication. Lorsque l’audience est massive et activable, la bascule devient rationnelle, surtout si des distributeurs traditionnels assurent la présence en point de vente. C’est l’équation que propose Lena Editions, sans compromis sur l’accès en librairie à la date de sortie.
Symboliquement, le passage à un label propriétaire repositionne Léna comme éditrice de sa propre œuvre. C’est un signal à la creator economy française. Les talents matures n’attendent plus la validation d’une filière, ils la coproduisent. Le livre devient un asset de catalogue au même titre qu’un drop de mode ou une ligne de papeterie. Cette démarche est cohérente avec une trajectoire où l’on a déjà vu la créatrice capitaliser sur des séries vidéos, des collaborations et une image de marque singulière.
Culturellement enfin, la consultation de la communauté sur la couverture dépasse le marketing. Elle transforme l’acte éditorial en acte collectif. Dans un marché où la prescription est devenue conversationnelle, l’objet-livre n’est plus seulement un contenu. Il est une expérience d’appartenance. C’est l’un des marqueurs de la décennie, l’ascension des créateurs-éditeurs capables de fédérer audience, commerce et récit sous une même bannière.
Lecture marché. Ce que révèle Encore Mieux
Première lecture, la normalisation du D2C culturel. Albums, séries limitées, objets de collection, newsletters payantes, et désormais livres grand public. Les frontières entre industries créatives s’estompent. Les outils e-commerce accessibles et l’expertise social media rendent possible l’autoproduction à forte échelle. Encore Mieux illustre ce mouvement en version française, avec une ambition retail assumée.
Deuxième lecture, la valeur des données. En captant la précommande sur un site propriétaire, la créatrice récupère des signaux fins, quantités, géographie, préférences visuelles. Ces données nourrissent la tournée, les réassorts, les contenus, et sécurisent les prochains lancements. Là où l’édition traditionnelle capte les ventes sans forcément partager l’insight, Lena Editions internalise la connaissance client.
Troisième lecture, la montée en gamme du rôle d’auteur chez les créateurs. Après un premier succès sous label historique, se passer d’éditeur pour le second livre n’est pas un anti-modèle. C’est un choix de maturité. L’essentiel reste la qualité du contenu et la solidité opérationnelle derrière. La tournée annoncée, l’omnicanal affirmé et le pricing mainstream à moins de 20 euros montrent une volonté de parler au plus grand nombre, sans renoncer à la maîtrise.
Le regard Brand Zone
Trois enseignements clés se dégagent. Premièrement, Encore Mieux confirme que les créateurs les plus installés peuvent internaliser l’édition lorsqu’ils structurent une marque éditoriale, un CRM et une logistique solides. Deuxièmement, la co-création symbolique, ici le vote de couverture, n’est pas un gadget. C’est un accélérateur de conversion et de fidélité. Troisièmement, l’omnicanal reste décisif. Le direct donne la marge et la donnée, la librairie donne la preuve sociale et la profondeur de marché.
À court terme, l’indicateur à suivre sera la cadence des préventes et leur répartition par couverture, proxy d’engagement et de notoriété. À moyen terme, la performance cumulée en librairies fera foi, au regard du précédent créé par Toujours plus. À long terme, Lena Editions pourrait devenir une plateforme pour d’autres projets éditoriaux, à condition de maintenir l’exigence narrative et la rigueur industrielle. Pour les marques, c’est un signal fort, l’économie des créateurs n’est plus seulement un levier d’influence. C’est un écosystème capable de produire, distribuer et scaler des objets culturels grand public.
Un article écrit par Benoît Dessaux, 16 octobre 2025