POURQUOI EMMA GATEAU EST DÉJÀ LA FIGURE MONTANTE DU LOBBYING FRANÇAIS
La scène française de l’influence politique et corporate voit émerger un profil rare : une professionnelle qui maîtrise autant les codes des couloirs institutionnels que ceux des plateformes sociales. À 27 ans, Emma Gateau dirige son cabinet « Emma Gateau & Associés », positionné à la croisée des affaires publiques, des relations presse et de la communication d’influence. Elle a ouvert le bal du podcast Brand Zone en juillet avec un épisode consacré au lobbying comme levier stratégique pour dirigeants et entrepreneurs. De quoi nourrir une question simple : assiste-t-on à l’ascension d’une nouvelle figure majeure du lobbying, façon 3.0 ? Et, surtout, en quoi sa méthode diffère-t-elle de celle des grandes références historiques comme Anne Méaux (Image 7) ?
UNE TRAJECTOIRE PRÉCOCE, ENTRE SPHÈRE POLITIQUE ET CONSEIL
Le positionnement d’Emma Gateau tient d’abord à un parcours « politico-comm » assumé. Passée par la Fondation Concorde sur des responsabilités RP et institutionnelles, elle rejoint ensuite l’agence Ozinfos pour piloter des enjeux de communication presse, corporate et d’influence. En 2021, elle fonde son propre cabinet et formalise une offre intégrée d’affaires publiques et de communication d’influence. Cette trajectoire – très rapide – lui donne une double légitimité : compréhension des mécanismes publics d’un côté, exécution médiatique et narrative de l’autre.
Contrairement aux éléments relayés de manière informelle dans l’écosystème, aucun élément public vérifiable ne l’accrédite comme « ex-conseillère d’un Premier ministre ». En revanche, ses activités déclarées à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) montrent un travail régulier auprès de cabinets ministériels (y compris Matignon) et de parlementaires : aides COVID pour le tourisme d’affaires, impacts de la loi Matras, promotion du rétrofit électrique ou encore dossiers mobilité et bonus vélo. C’est un point clef : elle joue au contact du plus haut niveau, sans confusion de rôles.
En parallèle, elle s’expose personnellement : un compte Instagram qui revendique près de 18 000 abonnés et une présence médiatique croissante la positionnent comme « publiciste » autant que consultante d’affaires publiques. Là où beaucoup de lobbyistes restent dans l’ombre, elle assume une stratégie de visibilité – maîtrisée – qui renforce sa marque personnelle et crée un effet de levier pour ses clients.
STRATÉGIE 360 : DES INSTITUTIONS AUX FEEDS
Le cabinet Emma Gateau & Associés se présente comme un hub d’influence articulé autour de trois piliers : relations publiques, affaires publiques, communication d’influence. Le discours de la maison est clair : bâtir des relations pérennes avec l’écosystème institutionnel, anticiper les décisions publiques et travailler la réputation – avec exigence éthique et transparence (déclarations HATVP à l’appui). C’est un positionnement « full-stack influence » qui parle aux ETI/PME, aux fédérations, mais aussi aux scale-ups amenées à dialoguer avec l’État.
Sur le terrain, les sujets traités récemment (d’après les dépôts HATVP) illustrent une approche résolument concrète : obtenir des arbitrages favorables ou des cadres réglementaires propices (mobilités électriques accessibles, bonus écologique pour la location de vélos, innovations industrielles de l’eau, etc.). La méthode revendiquée : notes argumentées, boucles de retours de terrain, face-à-face ciblés, évènements spécialisés et suivi fin des relais politiques pertinents. Dit autrement : un « funnel d’influence » qui va du diagnostic sectoriel jusqu’à la rencontre décisive, en passant par la production d’expertises actionnables.
Côté médias et social, sa présence personnelle (et l’épisode Brand Zone qui en dévoile la philosophie) sert de vitrine de méthode : pédagogie sur ce qu’est le lobbying utile pour les entreprises, dédramatisation d’un métier souvent fantasmé, et démonstration qu’on peut conjuguer efficacité et conformité. Pour des dirigeants, cela convertit un sujet abstrait en roadmap opérationnelle : cartographier les décideurs, clarifier les messages d’intérêt général, séquencer les prises de parole et mesurer l’impact (réglementaire, réputationnel, business).
COMPARAISON UTILE : L’HÉRITAGE D’ANNE MÉAUX, LA MISE À JOUR D’EMMA GATEAU
Comparer Emma Gateau à Anne Méaux est tentant : même exigence stratégique, même obsession de la narration au service des intérêts de leurs clients, même compréhension intime des jeux de pouvoir. Mais le contexte a changé. Anne Méaux, fondatrice d’Image Sept, est la communicante des élites françaises depuis plus de trente ans. Elle a conseillé des figures politiques de premier plan comme François Fillon ou Christine Lagarde, accompagné certains des patrons les plus puissants de France – de Bernard Arnault à Arnaud Lagardère – et orchestré des communications de crise retentissantes, comme celle de Carlos Ghosn au Liban après son évasion spectaculaire. Sa réputation s’est construite sur une maîtrise absolue des coulisses du pouvoir et une discrétion redoutable.
Emma Gateau, elle, opère dans un monde post-réseaux sociaux, où l’agenda médiatique se fabrique autant sur Instagram que dans les rédactions, et où la transparence (HATVP) redessine la pratique des affaires publiques. Sa singularité tient à ce mix : une grammaire institutionnelle classique, mais des réflexes « créateur-économie » pour raconter, amplifier, socialiser les combats d’intérêt général. Le cabinet affiche d’ailleurs cette ligne : concilier attentes sociétales et activités économiques, et revendiquer le lobbying comme un accélérateur d’un processus démocratique mieux informé. C’est une manière de réhabiliter la pratique, en la rendant intelligible et accountable.
La comparaison a donc du sens, mais pas en mode clone. Si Anne Méaux symbolise l’école historique de la communication d’influence des grands groupes, Emma Gateau incarne une génération nativement hybride : conseil d’intérêt, brand content de preuve, et exposition maîtrisée de la consultante elle-même comme gage de compétence et de réseaux. De là à dire « future Anne Méaux », il y a un pas – qu’elle franchira si elle transforme l’essai à l’échelle (portefeuille clients, taille d’équipe, opérations structurantes). Les fondations sont en place ; reste la montée en puissance.
INDICES D’IMPACT ET MÉTRIQUES OBSERVABLES
Ce qui se mesure aujourd’hui : une empreinte numérique qui progresse (≈ 18 k abonnés Instagram), des gages de conformité (déclarations HATVP détaillant objets, cibles et méthodes), et une capacité d’agenda-setting via des prises de parole qualifiées (podcast Brand Zone, interviews). À court terme, l’indicateur décisif reste la traduction en résultats clients : sécuriser un cadre réglementaire, gagner en lisibilité auprès des décideurs, réduire le « coût politique » d’une innovation, ou faire évoluer un dispositif légal trop punitif. Les dépôts HATVP cités (rétrofit, bonus vélo, eau, retraite des sapeurs-pompiers) montrent que les dossiers traités ne sont pas anecdotiques ; ils touchent des sujets à la fois économiques et sociétaux.
Un autre signal fort : son entrée sur la scène électorale en 2024 (candidature dans la 2ᵉ circonscription des Vosges, soutien local), qui accrédite une connaissance pratique des terrains politiques et médiatiques. Que l’on y voie un tremplin ou un détour, ce passage renforce sa crédibilité d’interlocutrice auprès d’élus et de cabinets, et nourrit sa grille de lecture des rapports de force.
À RETENIR – LA LECTURE BRAND ZONE
Ce que révèle l’ascension d’Emma Gateau, c’est l’accélération d’un basculement : l’influence publique ne se joue plus seulement dans les antichambres, elle se raconte aussi – avec des preuves, des formats et une posture d’accountability. Le cabinet assume cette transparence (HATVP), combine affaires publiques, RP et contenus, et convertit des sujets techniques en récits mobilisateurs. C’est précisément ce dont les entreprises ont besoin dans un contexte de sur-régulation et de polarisation des débats : faire entendre une voix légitime, factuelle, orientée solutions.
Pour les marques comme pour les fédérations, la promesse est claire : un lobbying d’intérêt général, mesurable, connecté aux usages numériques. Dire qu’Emma Gateau est « une tueuse » – au sens business du terme, implacable sur l’exécution – revient à reconnaître sa capacité à aligner veille, ciblage, notes d’argumentaire, rencontres clé et amplification éditoriale. L’ambition « future Anne Méaux » n’a de sens qu’adossée à une montée en puissance maîtrisée : scaler l’équipe, standardiser la méthode, enrichir le capital d’affaires et publier – quand c’est possible – des case studies chiffrés. Les signes avant-coureurs sont là ; le marché, lui, attend des preuves additionnelles à l’échelle.
Un article écrit par Benoît Dessaux — 2 septembre 2025.